Au XIVe siècle, le roi Zsigmond de Hongrie révolutionne la stratégie militaire. C’est en 1397, que diète de Temesvár (Timisoara) exigeque les propriétaires terriens fournissent un archer monté pour 20 serfs. Ce nombre pouvant éventuellement être augmenté à 33. Ainsi, cette loi a inspiré le terme ‘huszár’ (hussard) en hongrois, où ‘húsz’ signifie 20 et ‘-ár’ est un suffixe lié aux métiers. D’ailleurs, c’est un des seuls mots hongrois dans la langue française.
Les hussards étaient des cavaliers légers originaires des Balkans. Ils devinrent rapidement un élément précieux de l’organisation militaire des souverains Hunyadi et Jagellon.
En effet, grâce à leur style de combat inhabituel mais efficace, ils s’illustrèrent sur les frontières turques. À partir de la seconde moitié du XVe siècle, ils apparurent en plus grand nombre dans l’armée du Royaume de Hongrie. Fait intéressant, les cavaliers Deli ottomans leur ressemblaient beaucoup.
Suite à la terrible défaite de la bataille de Mohács, le royaume de Hongrie a abandonné la pratique coûteuse et encombrante de la cavalerie lourde. À l’aube de la période moderne, le soldat de cavalerie hongrois emblématique était le “hussard de la frontière”.
Équipé et combattant principalement comme un hussard, il assumait parfois les fonctions de la cavalerie lourde, aujourd’hui disparue, en plus de son rôle traditionnel de cavalier léger. L’histoire des hussards hongrois est captivante, d’autant plus qu’ils sont témoins de cette évolution stratégique. Sans oublier qu’ils sont symboles de vaillance militaire.
Les Hongrois ont connu succès et survie en maîtrisant l’art de combiner les tactiques militaires de l’Ouest et de l’Est. Originaires de nomades célèbres pour leur habileté équestre, les ancêtres des Hongrois étaient des cavaliers émérites.
Dès le XIe siècle, la cavalerie hongroise, sous la direction de Béres Sándor, a employé des tactiques distinctes face aux ennemis occidentaux et orientaux. Les mêmes unités servaient de cavalerie légère pour contrer la cavalerie lourde allemande à l’ouest, tandis qu’elles se transformaient en cavalerie lourde pour écraser la cavalerie légère turque au sud et à l’est. Leur taille et leurs caractéristiques intermédiaires entre les chevaux de l’Ouest et de l’Est étaient cruciales.
Au XVIe siècle, les hussards hongrois, représentant cette fusion tactique, se démarquaient. Leur avantage ne résidait pas dans l’armure, mais dans les chevaux. Plus petits, robustes et rapides que les chevaux allemands, et plus grands et plus lourds que les chevaux turcs, les chevaux hongrois s’adaptaient aux deux terrains. Les chroniques italiennes du XIVe siècle révèlent que, lorsqu’ils se dirigeaient vers l’est, les chevaux hongrois étaient nourris de fourrage, tandis qu’à l’ouest, ils broutaient librement l’herbe verdoyante.
En duel ou lors d’une charge de cavalerie, l’avantage revient toujours au cheval le plus lourd, décidant souvent du sort de la bataille. La tactique militaire reposait sur l’importance d’épuiser l’ennemi. Si leurs chevaux étaient immobilisés par la fatigue tandis que les nôtres restaient vaillants, la victoire était assurée. Les hussards hongrois étaient experts pour épuiser la cavalerie lourde allemande, tout en préservant l’endurance des unités hongroises lors des affrontements contre les Turcs.
Le rôle des hussards était crucial, allant de la phase préliminaire à la poursuite après la victoire finale. La stratégie militaire était toujours adaptée à la puissance des chevaux ennemis, et ce depuis les premiers affrontements jusqu’aux moments décisifs de la bataille. Un exemple précoce de hussard hongrois remonte au 15e siècle, soulignant leur longue histoire et leur influence dans les tactiques de guerre.
L’histoire hongroise révèle l’utilisation habile du “hit and run”, où l’arc et les flèches étaient principalement déployés contre les chevaux ennemis. Cependant, abattre un cheval d’un seul tir n’était pas une tâche aisée. L’homme lui-même était difficile à neutraliser avec une flèche.
En revanche, le « kelevéz » ou « dzsirit » pouvait percer une armure de plates ou abattre un cheval dès le premier lancer. La maîtrise du javelot nécessitait une pratique assidue, car ces cavaliers légers pouvaient être facilement vaincus s’ils manquaient leur cible. Il est à noter que les Hongrois avaient importé cette arme des steppes et en étaient des maîtres, tout comme les Turcs.
Les batailles voyaient d’énormes unités de cavalerie, représentant plus de 60 % par rapport à l’infanterie, sous le contrôle central de leurs commandants. À la bataille de Mohács en 1526, les plus grandes unités de cavalerie étaient déployées sur les ailes des camps chrétien et musulman.
Ces ailes comprenaient des unités plus petites de cavalerie suivant leur “drapeau” (appelées “zászlóalj” en hongrois, signifiant “combattants sous un même drapeau”). Ces bataillons incluaient des groupes de cavaliers plus restreints, tels que les soldats des grands seigneurs ou les hommes d’armes de la noblesse hongroise.
Du point de vue du cheval, l’aile de l’armée n’était pas un groupe social solide, rendant la manœuvre extrêmement difficile en raison de sa cohésion limitée. Le contrôle des chevaux demandait une grande attention pour maintenir l’ordre de la bataille.
Jusqu’à présent, deux conclusions majeures se dégagent de l’analyse historique. Les chevaux hongrois, plus grands et plus forts que leurs homologues turcs, étaient également plus rapides et résistants. Bien que de taille inférieure aux chevaux occidentaux. Ainsi, la cavalerie hussarde semi-lourde démontrait une efficacité notable face à des adversaires variés grâce à des stratégies adaptées.
D’autre part, l’organisation exceptionnelle de la cavalerie chrétienne, même en mêlée, réfute l’idée selon laquelle les chevaliers chrétiens se précipitaient de manière désordonnée dans la bataille. D’ailleurs, l’aspect crucial de semer la panique chez l’ennemi et de tirer profit du chaos résultant.
Les hussards, agilement montés sur des chevaux imposants, jouaient un rôle crucial dans la cavalerie hongroise. Lorsque la cavalerie ottomane menaçait, les hussards légers étaient chargés de fixer l’ennemi, armés de lances et dotés de chevaux plus grands que leurs homologues turcs.
Pour contrer les manœuvres adverses, les hussards devaient attirer les Sipahies, les cavaliers ottomans, dans des combats rapprochés. Cette tactique visait à perturber leur formation et à préparer le terrain pour la charge de la cavalerie lourde hongroise. Si les Sipahies tentaient de fuir, les hussards se lançaient dans une poursuite acharnée, contribuant ainsi à l’efficacité de la stratégie militaire hongroise.
Dans l’élevage des chevaux, les Ottomans et les Hongrois avaient des approches distinctes. Les Hongrois, forts de leur agriculture développée, fournissaient du fourrage de céréales à leurs chevaux, élevés en plein air.
Les chevaux hongrois, ainsi élevés en liberté tout en étant bien nourris, devenaient des chevaux de guerre exceptionnels. À l’Ouest, les chevaux étaient enchaînés, privés de liberté, tandis qu’à l’Est, ils manquaient de nutrition. Cette divergence explique les tactiques de cavalerie distinctes entre l’Est et l’Ouest. Les hussards hongrois ont brillé en tirant parti des avantages des deux approches, ce qui explique leur succès exceptionnel.
Les hussards français, emblèmes de l’histoire militaire, ont une origine profondément ancrée dans les traditions hongroises. Au XVIIe siècle, Louis XIV, fasciné par la cavalerie hongroise, créa les hussards français. Ces soldats, au style distinctif et à l’équipement léger, étaient initialement recrutés parmi les Hongrois. L’essence des hussards réside dans leur agilité et leur polyvalence sur le champ de bataille.
Les hussards étaient des cavaliers rapides, maîtrisant l’art du tir à l’arc, héritage des tactiques hongroises. Leur uniforme, marqué par des dolmans colorés et des pelisses, reflétait leur caractère audacieux. Les hussards ont joué un rôle crucial pendant les guerres napoléoniennes, déployant des stratégies éclair et utilisant des tactiques de harcèlement.
L’héritage hongrois des hussards français a laissé une empreinte indélébile sur leur identité. Ces cavaliers intrépides, bien que nés en France, portaient en eux l’esprit et les compétences de leurs prédécesseurs hongrois. Leur renommée s’est répandue dans toute l’Europe, symbolisant la bravoure et la vélocité sur le champ de bataille.
Ainsi, les hussards français trouvent leurs racines dans la fascination de Louis XIV pour la cavalerie hongroise, fusionnant le panache français avec les traditions guerrières hongroises. Encore un lien entre Louis XIV et son ami François II Rákóczi de Felsővadász. Leur histoire captivante reste un témoignage de l’influence culturelle et militaire qui transcende les frontières.
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