Lors des visites guidées en français de Budapest, on parlons beaucoup de la reprise de Buda en 1686. En effet, elle est intimement liée à l’histoire de deux régions de France. Aujourd’hui je vous propose de vous plonger dans l’une des périodes les plus tourmentées de l’histoire de Budapest. Le fameux printemps 1541, quand la ville fut le théâtre d’un siège militaire épique opposant les troupes habsbourgeoises aux forces ottomanes.
Une époque où s’écrivait le destin de la Hongrie, entre alliances secrètes, trahisons, batailles sanglantes et ambitions impériales. Cette époque reflète la situation particulière de la Hongrie à cette époque. Le pays est partagé entre deux envahisseurs, les Ottomans et les Habsbourgs. Bien loin du cliché des gentils Autrichiens et des méchants Turcs, les alliances changent très très rapidement…
De nos jours les hongrois débattent souvent pour savoir qui était le pire envahisseur entre les deux.
À la mort du roi Jean 1er Szapolyai en 1540, son territoire devait revenir à Ferdinand de Habsbourg, selon le traité de paix signé à Várad deux ans plus tôt. Mais un rebondissement inattendu bouleversa la donne !
Jean 1er Szapolyai, devenu père peu avant sa mort, désigna son fils nouveau-né, Jean II de Hongrie ou János Zsigmond, comme héritier. D’ailleurs on peut dire que c’est le dernier Roi de Hongrie « libre ». Ce choix fut soutenu par le sultan Soliman le Magnifique, qui voyait dans la division hongroise une opportunité stratégique. En hongrois on l’appelle Soliman le Législateur comme en turc (Kanuni), en référence à sa refonte juridique du système ottoman.
Anecdote : Frère György Martinuzzi, moine et stratège, modifia lui-même le testament du roi pour protéger l’enfant… et les ambitions ottomanes.
Bien évidemment, Ferdinand refusa de reconnaître l’enfant-roi et lança une nouvelle campagne militaire. Les Autrichiens tenait à conquérir le maximum de la Hongrie. Il avait déjà tenté de prendre Buda une première fois en 1540, mais sans succès. Cette fois-ci, il déclara l’insurrection, imposa un impôt spécial (1 forint d’or) et appela la noblesse à se mobiliser. Le but n’était clairement pas de défendre la Hongrie des Ottomans.
En mars 1541, les combats commencèrent par un siège de Pest. La ville, voisine de Buda, était une position stratégique : la reine Isabelle Jagellon (son nom ne trompe pas, elle est fille du roi de Pologne), veuve de Szapolyai, s’y était réfugiée avec son fils.
Le 20 mars, Mehmed, bey de Szendrő, arriva devant Pest avec ses troupes. Trois cents cavaliers hongrois lancèrent une contre-attaque victorieuse, mais Pest était encerclée. Les canons turcs, appuyés par ceux de Buda, ouvrirent le feu.
Entre le 25 et le 27 mars, plus de 300 boulets furent tirés contre les murailles. Le bastion de la Porte de Vienne, aujourd’hui disparu, fut ciblé sans relâche. Malgré des brèches ouvertes, les troupes bohémiennes et autrichiennes résistèrent héroïquement.
Anecdote : Les défenseurs utilisèrent d’anciens « crocs à feu », armes à crochet du XVe siècle, bien peu efficaces face aux mortiers ottomans.
Le 4 mai 1541, les armées de Wilhelm von Roggendorf (27 000 hommes) commencèrent le siège de Buda, défendue par 2 400 soldats et Frère György. Malgré leur supériorité numérique, les assaillants échouèrent à plusieurs reprises.
Les Tatars, alliés des Ottomans, apparurent en juin. Ils harcelaient sans relâche les troupes de Ferdinand. Isabelle tenta même une infiltration nocturne des soldats allemands dans la ville… mais les habitants reconnurent leur accent et les chassèrent.
Anecdote : Les habitants de Buda auraient crié : « Ce ne sont pas des nôtres ! » avant de fermer les portes aux soldats de Roggendorf.
En août, la peste et la famine ravageaient le camp des assiégeants. La situation empirait. Soliman, qui avait quitté Constantinople début juillet, arriva enfin le 22 août avec une armée fraîche.
Roggendorf, espérant encore un renfort impérial, tarda à attaquer. Mais lors d’un repli vers Pest, les troupes furent désorganisées. Les Ottomans saisirent l’occasion et infligèrent une défaite dévastatrice : 7 000 morts sur le champ, 16 000 pertes au total.
Le général Roggendorf, blessé, mourut peu après à Komárom.
Le 29 août 1541, jour anniversaire de la bataille de Mohács, les Janissaires de Soliman pénétrèrent dans Buda… sans combat. Officiellement invités pour « inspecter les défenses », ils s’emparèrent du château par ruse. On raconte qu’ils rentrèrent en cachant leurs armes. Soliman fit de Buda un sanctuaire ottoman, qu’il conserva pendant 145 ans. C’est d’ailleurs à ce moment là que le poète Gül Baba introduira la culture de la rose en Hongrie. Son tombeau est d’ailleurs à Buda sur la Colline aux Roses.
Soliman laissa néanmoins le trône d’Hongrie orientale à la reine Isabelle et au jeune János Zsigmond, en échange d’un tribut annuel de 10 000 forints d’or.
Anecdote : Soliman surnommait Vienne la « Pomme d’or ». Il ne voulait pas perdre de temps à gouverner la Hongrie… son vrai objectif était plus à l’ouest. Cependant il ira aussi vers l’Est quand les Habsbourgs attaqueront Jean II en Transylvanie.
En vous promenant dans le quartier du château de Buda, vous marchez sur un champ de bataille oublié. Là où les canons tonnaient, où la reine Isabelle priait, où les soldats ottomans posaient le pied en conquérants. Montez jusqu’à la Porte de Vienne (reconstruite) pour imaginer l’assaut, ou visitez la bastide de Gellért pour une vue panoramique sur ce théâtre d’histoire.
Budapest, ce n’est pas qu’une ville thermale : c’est une capitale marquée par les empires, les alliances et les trahisons. En visitant ses collines et ses bastions, vous entrez dans une épopée plus grande que nature.
Depuis nos débuts, nous nous efforçons de proposer des visites guidées interactives. Bien loin du tourisme de masse, nos visites privées en français sont uniques et différentes. La Hongrie réserve bien des surprises, on ne s’en lasse jamais.
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